Une ville de demain racontée par ses habitantes, Marseille
Qu’est-ce qu’être une femme dans l’espace public à Marseille ? À Marseille, où va-t-on et que fait-on lorsqu’on est une femme ? Que veut-on au juste et que peut-on réellement faire ? À quels moments et avec qui ? Comment l’appropriation de l’espace varie-telle en fonction du genre ? Et dans ces divergences y a-t-il une hiérarchie entre hommes et femmes ? Autrement dit, le masculin l’emporte-t-il aussi sur le féminin dans la grammaire de la rue et comment ? Etre une femme n’englobe pas une unique réalité, et comment alors l’appropriation de l’espace varie-t-elle en fonction des quartiers, des parcours de vie, des générations etc. ?
Ce sont autant d’interrogations émanant d’une question principale à l’origine de ce projet : comment la ville traite des différences de genre et des rôles sociaux associés à ces genres ? Dans la ville, c’est l’espace public et l’universalité qui le définit que nous voulons interroger. Est-il vraiment ouvert et appropriable par tous, à tous moments ? Nous voulons creuser le questionnement sur les inégalités de genre dans l’espace public. La ville étant un reflet des relations entre les individus dans la société, elle contribue également à les façonner et ce n’est pas seulement la place des femmes dans la ville que nous interrogeons mais la place des femmes dans la société en général.
Nous proposons un espace d’expression cartographique et sonore à des habitantes de Marseille, pour faire entendre leurs voix sur leur rapport à leur quartier, leur ville et plus globalement leur société. Nous avons choisi la non mixité compte tenu de nos expériences passées. Les femmes étaient sous représentées dans nos ateliers. Elles étaient en minorité et la parole paraissait contrainte. Nous formulons l’hypothèse que cette contrainte provenait de la présence du regard des hommes, majoritaires. Nous voulons tester cette configuration pour en faire sortir de nouvelles paroles. Celles de femmes entre elles, et entre lesquelles une relation de confiance peut s’instaurer afin d’échanger autour de situations de vie partagées ou non.
À travers cette cartographie subjective, nous souhaitons dresser un portrait sensible de la place des femmes dans l’espace public à Marseille. Détaché de tout projet urbain ou de tout intérêt politique, nous envisageons ce portrait comme un révélateur de la place des femmes dans la société en général.
Cette documentation d’une ville ré-inventée va se construire au fil des rencontres et des ateliers menés avec différents groupes de femmes dont le premier s’est déroulé fin 2019 avec un groupe de 4 adolescentes dont certaines avaient démarré un travail de création avec Lieux Fictifs sur des projets précédents : Images en mémoire, images en miroir (2016-2018) et Images en migration (2017-2019).
Les Belles demain donnera ainsi à voir et à entendre ces visions de femmes et ces prises de paroles mais les productions qui en seront issues fourniront également le support de rencontres et débats à l’occasion d’évènements publics tels que la Journée de la femme organisée à la Friche la Belle de mai le 8 mars 2020.
Une production Lieux Fictifs en coproduction avec la Plateforme Jeunesse de la Friche la Belle de mai. En partenariat avec le Groupe Addap13 (Atelier Félix Pyat) - Avec le soutien de la Fondation de France sur l’appel à projet "Grandir en culture".
Réalisation : Chloé Dréan et Violette Deffontaines - Conception graphique et support technique : Robin Landreau - Esquisses dessins, textes et voix sur le quartier Felix Pyat : Anaïs et Manon Bauduin, Chayma et Chwayira Youssouf