Thomas Sotinel
Le Monde
"Réalisé par des détenus, 9 m² pour deux a un mérite rare : on y découvre l’invention d’une figure de style cinématographique, dérivée du classique champ contrechamp. Puisque les deux personnages — deux détenus qui jouent une scène dont ils ont imaginé les dialogues — sont aussi les réalisateurs, pour que le point de vue de la caméra change, il faut que l’objet change de main. (...) Ce n’est pas une image de la vie en prison que l’on va découvrir, ce sont des images multiples de ce qu’est la prison pour ceux qui y vivent. Un petit kaléidoscope fait d’une dizaine d’expériences qui se croisent (puisque chaque scène est un duo) et s’entrechoquent. (...) On va généralement au cinéma pour voir des films réalisés par des gens qui ont laissé depuis longtemps derrière eux ces balbutiements. La force de 9 m2 pour deux est d’allier l’émotion de ces premiers pas et la violence d’une communication avec des gens qui sont d’habitude maintenus de force à l’écart des autres. "