« On sortira tous un jour » est un magazine réalisé sur une durée de 18 mois (écriture, tournage, montage) dans le cadre des Ateliers de Formation et d’Expression Audiovisuelle au Centre Pénitentiaire de Marseille.
Il aborde avec une dizaine de détenus la question de la sortie de prison.
Comment aborde t’on ce retour vers le monde extérieur ?
Quelle stratégie met-on en place pour réussir sa sortie ?
Quel accueil ou difficultés personnelles, administratives, rencontre-t-on dans ce parcours ?
Que doit-on encore défendre lorsque on est dehors ?
Voici, en quelques lignes, ce que propose ce programme télévisuel qui s’adresse prioritairement aux spectateurs détenus.
Un projet audiovisuel mené à la prison des Baumettes
" Nous travaillons à la conception d’une émission d’information tournée vers la population carcérale. L’un de nos objectifs consiste à ce que la personne détenue accède à une information qui la mette en « activité » et que cette activité puisse l’inscrire dans un « nouveau principe de réalité ».
Dans le contexte télévisuel actuel, la transmission « d’une information » s’accomplit par un système de « croyances (1) » qui l’accompagne et qui la conditionne. Il est nécessaire d’être dans cette « condition de croyance » pour « accepter et faire vivre » cette même information.
(1) Cette croyance nous installe dans « la sincérité et la loyauté » du regard que nous portons sur cet « espace officiel télévision ».
Mais, que croyons-nous croire dans cette histoire ? L’image ? L’information ? La télévision ?
Dans ce contexte économico-social, la télévision produit des croyances et des informations qui restent sur le même plan. La croyance a autant d’importance que l’information elle-même, voire davantage. Dans ce contexte, donc, l’information reste un « objet extérieur » ne proposant pas de « déplacement intérieur » pour celle ou celui qui la regarde.
Dans notre projet, il est question de « déplacer cette croyance » vers ce qui nous constitue profondément, vers notre singularité d’être humain ; notre capacité à être ému. Dans ce processus de déplacement, où la passation de l’information repose moins sur l’arrogance, voire la « violence » mais davantage sur notre capacité « à produire de l’humanité », nous proposons à la personne de favoriser son désir d’être informée par une transmission qui « accueille » la personne dans son histoire singulière comme nous souhaitons interroger sa « place » dans cette même proposition.
Dans notre projet, l’information n’arrive plus depuis un journaliste mais depuis des personnes détenues qui vivent ce même type de « déplacement intérieur ».
Dans ce dispositif qui questionne l’information et la télévision, nous souhaitons, en « rapprochant cette croyance » de notre désir, (ce qui nous est unique), en réalisant des dispositifs qui invitent les stagiaires à « vivre l’information », c’est-à-dire à la véhiculer par l’émotion, nous ambitionnons de « déplier ensemble » des temps qui murmurent profondément « du nous-même ». Ces temps qui fabriquent « du sens » et qui « font sens » dans un large dispositif où « mon singulier parle à mon semblable. »
Dans ce processus-là, l’information qui nous est destinée, croise « le sens que nous lui donnons » et cette information devient une expérience humaine. Elle peut produire quelque chose d’important dans nos vies, quelque chose qui « mette en route » notre imaginaire, pour nous offrir de nouvelles dimensions. "
Philippe Tabarly - Réalisateur
Intervenant dans les Ateliers de Formation et d’Expression Audiovisuelle au Centre Pénitentiaire de Marseille
Ecoutez l’émission radio
Réalisation : Philippe Tabarly assisté de Axelle Schatz
Interprétation : Alexandre, Frédéric, Stéphane, Zobert, Christophe, Saber, Kamel, Didier, René, Ahmed, Djelloul, Mohamed (Soilihi), Philippe, Axelle Schatz, Philippe Tabarly, Anita Benedicto (Vice-présidente du Tribunal de Grande Instance de Marmande), Patrick Lambolley, Mr Chauvot. Avec l’aide du SPIP.
Montage : Anne Alix assistée d’Axelle Schatz
Production : Lieux Fictifs - Caroline Caccavale
Administration de production : Anne de Marans
Assistante de production : Delphine Gruhier
Ce film a été réalisé dans le cadre de l’Atelier de Formation et d’Expression Audiovisuelle au Centre Pénitentiaire des Hommes de Marseille. Avec le soutient des Directions Régionale et Départementale de l’Emploi, du Travail et de la Formation Professionnelle, de la Direction Régionale des Services Pénitentiaires PACA, du Fonds Social Européen, de la Direction Régionale des Affaires Culturelles PACA, de l’Association Socioculturelle et Sportive du CP des Baumettes, du Conseil Général 13, du Conseil Régional PACA et de la Politique à la Ville.
Avec l’aide de Système Friche Théâtre.