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Cette oeuvre est une adaptation cinématographique du texte « Dans la solitude des champs de coton » de Bernard-Marie Koltès, réalisée par Joseph Césarini et Caroline Caccavale, interprétée par un groupe de 27 personnes détenues de la prison des Baumettes ou habitants de la ville de Marseille. Continuité dramaturgique et direction d’acteur Jeanne Poitevin et Maxime Carasso.
A partir d’un texte de théâtre
Ce texte a été travaillé et mis en partage pendant trois ans avec un groupe de dix-huit personnes détenues à la prison des Baumettes et un groupe de neuf personnes, habitants de la ville de Marseille. Les interprètes, tous amateurs, sont d’origines, de nationalités, d’âges et de milieux sociaux professionnels très différents. Des temps de travail réguliers ont été organisés dedans et dehors avec chaque groupe, ponctués de moments de travail communs dans la prison. Ensemble, les interprètes se sont confrontés au texte, ont échangé et se sont mis en jeu. Ce texte, à l’origine écrit pour le théâtre sur la base d’un dialogue entre un « Dealer » et un « Client », a été découpé pour être filmé dans un champ-contre champ, toujours face caméra.
L’interprétation du texte
Le texte de Bernard-Marie Koltès, devient le lieu commun, le point de rencontre, la perspective, l’horizon. Le texte devient le pont entre le « dedans » et le « dehors », il permet à chacun de s’interroger sur soi, sur l’autre, sur le monde. Le texte, c’est aussi le partage d’une langue commune, quand les interprètes, ceux du « dedans » comme ceux du « dehors », sont russes, italiens, monténégrins, chiliens, allemands. Il s’agit alors de s’approprier le texte dans sa langue d’origine (les participants étrangers ont ainsi découvert ce texte dans ces différentes traductions) et d’en garder tout le sens et toute la force dans sa restitution française. Chacun d’entre eux s’empare d’un morceau, d’un moment, s’y appuie comme sur un tuteur, pour se lever, rester debout, rester ensemble et continuer d’avancer. Le projet démarre par des résistances, des refus, des contestations. Puis d’accommodations en écoute, progressivement, par une prise de conscience de chacun du travail en cours, des enjeux portés par tous, une histoire se construit. Que fait-on de sa mémoire en prison, et au dehors ? Comment aller vers l’autre et accepter la rencontre ? Comment et pourquoi s’accepter et accepter l’autre ? Quelle place s’ouvre alors à nous, et quelle place donner à l’autre, dans le groupe, dans le monde ?
© Joseph Césarini / Reproduction : André Mérian
Photogramme, extrait de l’installation cinématographique "Dans la solitude des champs de coton".
Le décor
Un décor de tournage entre réel et fiction a été construit et installé dans la prison, reproduction partielle d’une friche industrielle qui serait le lieu de travail de ceux du « dehors ». Ce dédoublement du décor permet de créer l’illusion d’un seul et unique espace où se meuvent ceux du dedans et ceux du dehors. La lumière, élément essentiel du décor, crée l’atmosphère. Chacun des personnages, qu’il soit Dealer ou Client, personne détenue ou personne libre, s’appuie progressivement sur les contrastes d’ombre et de lumière pour exprimer, jouer, raconter face à la caméra et avec les mots de B. M. Koltès, sa solitude, ses doutes, ses tourments et ses peurs. L’oeuvre de B. M. Koltès se révèle devant la caméra à travers la multiplicité de ses interprètes, qui se laissent traverser par le texte, les mots, les sons, le mouvement, l’attente, l’écoute… Cette révélation progressive construit l’espace visuel et sonore du film.
Le processus de restitution et de réception
Cette adaptation cinématographique est pensée à travers une multidiffusion sur 4 écrans de projection qui forment un carré. Le public est placé au centre, assis sur des fauteuils pivotant à 360°. Ce dispositif de projection permet au spectateur d’être placé en immersion au centre de la relation entre le Dealer et le Client, d’en être le témoin privilégié, permanent, le complice... Cette installation laisse au spectateur le choix de composer avec les écrans. Dans les premières minutes, le spectateur suit l’écran parlant, là où l’acteur interprète le texte mais, en pivotant sur sa chaise, il croise d’autres images : gros plan sur une cigarette, texture d’un mur ou d’un corps, image abstraite, détail, regard… ou c’est un bruit, une respiration, le sentiment d’une présence d’un personnage au loin, en attente ou en déplacement, qui le détournent. Alors, le spectateur accepte petit à petit ces co-présences et joue sa propre partition entre ces sollicitations de voix, d’images, de sons et de silences qui l’entourent. Le texte est le fil conducteur de cette partition et à travers cette multitude de solitudes, il révèle quelque chose de nous-même.
Caroline Caccavale et Joseph Césarini, réalisateurs
Jeanne Poitevin et Maxime Carasso, continuité dramaturgique du texte et direction d’acteurs
© André Mérian
Dispositif de l’installation "Dans la solitude des champs de coton" à la Friche la Belle de Mai.
FICHE TECHNIQUE
Réalisation
Caroline Caccavale,
Joseph Césarini
Artistes associés
Jeanne Poitevin, Maxime Carasso (continuité dramaturgique du texte et direction d’acteur)
Image
Joseph Césarini
Chorégraphie
Thierry Thieû Niang
Musique
Jean-Marc Montera
Prise de son musiques : Erwan Sangan
Instruments : Nicolas Morcillo (dobro), Jean-Marc Montera (guitare)
Montage image
Caroline Caccavale, Joseph Césarini
Assistés de : Romain Le Roux
Prise de son
Virgile Abela, Agata Lopko
Mixage
Virgile Abela
Montage son / étalonnage
Joseph Césarini, Romain Le Roux
Post production
Cyril Navarro, Romain Le Roux
Régie numérique
Sylvain Delbart
Production : Lieux Fictifs
Coproduction : Compagnie Alzhar / Marseille-Provence 2013 / La Friche La Belle de Mai
DIFFUSION
L’installation cinématographique a été présentée du 13 au 30 juin 2013 à La Friche La Belle de Mai à Marseille, dans le cadre de l’événement FRONTIERES dedans/dehors produit par Lieux Fictifs, avec le soutien de Marseille-Provence 2013, Capitale européenne de la Culture.
Une autre présentation a eu lieu au Musée d’Art Contemporain de Zagreb, en Croatie, le 7 décembre 2013, dans le cadre du Festival du Film des droits de l’homme. L’installation a été présentée avec un dispositif frontal, imaginé pour ce lieu.
© Joseph Césarini - Musée d’Art contemporain de Zagreb / Dispositif frontal de l’installation