Inertie et mouvement
Qu’entendons nous par trajectoire identitaire ? Il est nécessaire de s’arrêter tout premièrement sur l’usage de cette expression dans le cadre de notre réflexion afin de ne pas en faire une sorte de valise dans laquelle tout et n’importe quoi pourrait y être placé ou retiré et qui conduirait notre propos à une fragilité certaine. Le concept d’identité est si difficilement saisissable qu’il est souvent périlleux de l’utiliser dans le cadre d’analyses sociologiques.Ici, nous utiliserons le terme d’identité dans sa dimension sociale et c’est la raison pour laquelle nous avons préféré introduire notre propos par l’expression plus précise de "trajectoire identitaire".
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L’utilisation du mot "trajectoire" permet ici de renvoyer directement à l’idée de mouvement, de déplacement, de cheminement, de parcours. Associé à l’identité, il s’agit de rappeler que l’identité même d’une personne se construit et se développe dans une nécessité de mouvement, de déplacement, de changement, de parcours.[...]
Nous nous proposons ici d’interroger dans un premier temps la manière dont la prison agit sur les personnes qui y sont gardées en analysant l’impact des mécanismes immobilisant du carcéral sur la construction identitaire des personnes. Puis nous livrerons nos analyses d’un dispositif de création cinématographique installé en prison, sur la manière dont il se maille avec le fonctionnement institutionnel et sur son action sur les trajectoires identitaires des personnes incarcérées. Il s’agit donc, dans cette réflexion, de confronter identité, incarcération et création.[...]
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Leïla Delannoy est doctorante au sein du Laboratoire d’Analyses Socio-anthoropologiques du Contemporain (LASCO) du Centre de recherche SOPHIAPOL de l’Université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense. Elle mène une thèse sur "la création artistique en prison : une comparaison internationale", s’appuyant en particulier sur l’étude du travail mené par Lieux Fictifs.